Etre nounou (Assistant·e Maternel·le ou Auxiliaire Parental·e), implique que l’on travaille seul·e avec les enfants. Même si cela peut être un vrai choix pour certain·e·s, cela implique une organisation et une manière de travailler différente. Essayons de voir ensemble les avantages et les inconvénients.
Travailler seul·e ne veut pas dire être seul·e
Eh oui, si vous travaillez avec des enfants, c’est que vous n’êtes pas seul·e ! C’est important de bien faire la distinction, surtout à une époque où le travail à domicile, l’indépendance et l’autonomie deviennent tendance.
En tant que nounou, vous êtes garant·e de la sécurité et du bien-être des enfants dont vous vous occupez toute la journée, et ce même quand ils semblent ne pas avoir besoin de vous… Ce qui revient à dire que, durant votre journée de travail, non seulement vous n’êtes jamais seul·e, mais en plus vous êtes sollicité·e en permanence !
Déjà, il faut oublier la « pause déjeuner » : hors de question de laisser les enfants seuls ne serait-ce qu’une minute. Il reste les siestes vous allez me dire ! Mais détrompez-vous, les moments de sommeil sont des temps de grande vigilance, notamment pour les tout-petits, et il suffit d’avoir plus d’un enfant à garder pour se rendre compte que la sieste est rarement collective. Dans ce contexte-là, travailler seul·e peut s’apparenter à un vrai marathon !
De plus, un enfant ne vient jamais seul… Il est toujours accompagné de son ou ses parent(s). Ce sont ces mêmes parents qui sont à la fois vos employeurs, et vos interlocuteurs privilégiés, dans la réalisation de votre travail. Ils peuvent être de vrais partenaires pour vous, comme vos pires ennemis si leurs exigences sont extravagantes. Pas facile quand c’est votre parole contre la leur…
Pourtant, c’est bien à vous de mettre en place les conditions nécessaires pour une relation harmonieuse et agréable avec les parents, pas à eux. C’est votre métier de considérer l’entourage familial de l’enfant, autant que l’enfant lui-même, et faciliter l’émergence d’une relation de confiance.
Il faut reconnaître néanmoins que vous interagissez la plupart du temps avec des enfants. Cela demande pas mal de résistance physique et psychologique mais pour certain·e.s, cela permet de se sentir complètement soi-même, sans jugement, sans attentes sociales. Les enfants nous aiment pour ce que nous sommes quelque soit notre physique, nos origines, notre statut social. Quel bonheur de n’être entouré·e que de personnes aussi bienveillantes !
Travailler seul·e versus Travailler en équipe
Dans le milieu de la petite enfance, on peu considérer que si vous ne travaillez pas seul·e, à votre compte, c’est que vous travailler au sein d’une institution ou d’une structure et donc au sein d’une équipe de professionnel·le·s.
L’importance de travailler en équipe a été prouvé et démontré de nombreuse fois dans le milieu médico-social. Pour accompagner au mieux une famille, il faut coupler les observations de chaque professionnel·le, ayant des formations et donc des regards différents. C’est la mise en confrontation d’observations, d’idées, de suggestions qui permet l’amélioration quotidienne de la prise en charge des enfants. C’est le soutien de ses collègues et la cohérence éducative au sein de l’équipe qui permettent de rester motivé·e et consciencieux même quand la journée est difficile.
Quand vous travaillez en tant que nounou, tout cela peut être un vrai manque. Plus concrètement, vous n’avez pas la possibilité de passer le relais quand un bébé pleure sans s’arrêter depuis des heures ou qu’un autre enfant ne peut pas, pour l’instant, jouer sans vous. Nous pouvons parler également des tâches répétitives que vous êtes seul·e. à assurer : laver les biberons, préparer à manger, faire la vaisselle, ranger les jouets, ranger les jouets, ranger les jouets… Ces tâches mises bout à bout, peuvent s’apparenter à du travail à la chaîne ! Que vous êtes seul·e, encore une fois, à assurer.
Cependant, c’est à vous et à vous seul·e de prendre les décisions. Vous êtes le·a seul·e « maître à bord ». Bonne nouvelle non ? Pas de conflit avec des collègues qui ne s’impliquent pas autant que vous ou n’en font qu’à leur tête. Vous avez ce pouvoir de mettre en pratique ce que vous avez appris en formation, ce que vous avez lu et étudié sans qu’un·e collègue ne vous mette des bâtons dans les roues. De plus, vous pouvez prévenir les conflits avec les parents et utiliser vos capacités relationnelles naturelles et vos valeurs personnelles pour accompagner au mieux les enfants.
Pas tout à fait « comme à la maison »
En tant que nounou, vous travaillez soit chez vous, soit au domicile des parents. Il n’est pas question de grands locaux, bâtiments, avec vestiaires et espaces partagés. Alors, lorsque nous faisons ce choix-là, travailler de chez soi peut être un vrai luxe : pas de déplacement, l’aménagement et la déco que vous voulez etc.
Mais il ne faut pas oublier que votre maison devient ainsi un lieu d’accueil, c’est donc l’accueil des enfants qui primera sur l’organisation de votre intérieur plutôt que les contraintes de votre famille ou votre goût pour les petits pots de cactus.
Est-il nécessaire de dire que travailler chez des particuliers est à double tranchant ? Vous pouvez tombez sur de supers parents qui vous font vous sentir comme chez vous, chez eux. Peut-être même que leur maison vous offre un cadre de travail insoupçonné: grande cuisine, salle de jeu, véranda, piscine, jardin…!
Cependant, les intérieurs de vos chers employeurs ne sont pas des crèches, et la plupart des parents n’ont pas envie de transformer leur maison en bougeothèque, quand bien même la sécurité de leurs enfants serait en jeu. Ce sera à vous de vous adapter…
Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités
On l’a vu, vous êtes garant·e de la sécurité et du bien-être des enfants, vous seul·e, et ce n’est pas une mince affaire ! Travailler avec de jeunes enfants implique de grandes responsabilités, qui vont bien au-delà de juste « bien faire ». En effet, la position privilégiée que vous permet votre mission, auprès des enfants dont vous avez la charge, implique que l’impact que avez sur eux va bien au-delà d’une simple fonction. Vous devenez une figure d’attachement à part entière pour des tout-petits avides de créer du lien avec les personnes qui s’occupent d’eux. Parfois, vous êtes plus en relation avec l’enfant que ses propres parents !
Or, vous savez mieux que personne, que ces premiers liens d’attachement et l’environnement qu’on offre aux enfants durant la petite enfance sont les fondements de l’adulte qu’il deviendra plus tard. Votre travail ne consiste en aucun cas à une simple succession de tâches à accomplir ou à des fonctions à assurer, mais à une vraie responsabilité sur un être humain, sa famille et donc toute la société. Mais pas de pression ! C’est la raison pour laquelle il est dit que ce sont des métiers de vocations.
En effet, quand on travaille seul.e, vous ne pouvez partager cette responsabilité avec personne. Certes, les parents ont le rôle le plus importants à jouer, mais eux, ce sont des parents, pas des professionnel·le·s; cela implique une responsabilité différente et bien plus importante pour vous.
En conclusion
Vous souhaitez travailler auprès de jeunes enfants mais vous ne savez pas encore dans quel contexte ? N’hésitez pas à vous posez toutes les bonnes questions :
- Suis-je une personne sociable ou plus indépendante (extravertie ou introvertie) ?
- Suis-je un.e meneur.se ou un·e suiveur·se ?
- Au bout de combien de temps les enfants me fatiguent-ils ? Quelles ressources j’utilise quand cela arrive (l’isolement, changer d’activité, demander de l’aide…) ?
- Dans ma vie personnelle, est-ce que je prends facilement des initiatives ou au contraire, j’ai tendance à être indécis·e ?
- Ais-je besoin de quelqu’un « sur mon dos » pour me remotiver de temps en temps ?
A vous de faire votre petite liste en fonction du poste pour lequel vous postulez. Toutes ces questions semblent en apparence ne pas avoir de lien avec la fonction de nounou. Pourtant, travaillez seul·e auprès de jeunes enfants, impliquent de vous connaître vous-même sur le bout des doigts, vos facultés et vos limites. Etre capable de prendre du recul sur une situation, savoir se remettre en question tout en étant à l’écoute de vos sentiments et de vos besoins, seront les clés pour apprécier de travailler seul·e ou éventuellement de vous rendre compte que vous n’êtes pas ou plus fait·e pour ça.
J’aimerais savoir quels sont, selon vous, les avantages et inconvénients au fait de travailler seul·e auprès de jeunes enfants ? Peut-être que vos expériences vous ont permis de réaliser des choses que vous n’auriez jamais imaginés ? J’attends vos commentaires!