Depuis les années 80 et l’émission de radio « Le bébé est une personne », le bébé est considéré comme un sujet à part entière. Il est devenu de notoriété publique qu’il faut lui parler bien avant l’acquisition du langage. Mais comment parler au bébé ? Deuxième article de la série sur l’accompagnement à l’acquisition du langage : La communication non-verbale.
Le langage pré-verbal
Le bébé ne parle pas, cela ne veut pas dire qu’il ne s’exprime pas.
Parce-ce qu’il n’est pas encore dans le langage verbal, l’adulte doit considérer les manifestations non verbales du tout-petit comme des messages. Chez le bébé, les signes de la volonté d’entrer en relation avec les autres sont bien visibles, et cela bien avant la capacité de produire des mots et des phrases.
En effet, le petit d’homme est un être de langage de fait. Il utilise ainsi tous les signes qu’il a à sa disposition pour partager son ressenti : sourires, grimaces, grognements, troubles de la respiration, du rythme cardiaque, de la couleur de peau, agitation corporelle etc.
Les jeunes enfants comprennent infiniment plus de choses qu’ils en disent. Les gestes et les mimiques, d’abord illustrant les changements d’état intérieur du bébé vont devenir les réponses aux sollicitations extérieures et par là même, son désir de communication.
Les mimiques et les grimaces permettent de comprendre le ressenti de bébé (douleur, gêne, plaisir …) ; les regards appuyés, ses attentes et ses questionnements.
Pour aider le bébé à entrer en communication avec les autres, l’adulte doit s’adapter à ce langage dans un premier temps, en accordant toute son attention à la communication non verbale qu’il convient d’accentuer.
A l’écoute des signes de bébé
En fonction du contexte, voici quelques signes pour mieux comprendre bébé :
OUI, D’ACCORD, ENCORE : Visage ouvert et détendu, sourires, regard tourné vers son interlocuteur, yeux grands ouverts, mouvements du corps fluides et détendus, mains ouvertes, peau rose et sans modification, respiration et rythme cardiaques réguliers, bruits de contentement, vocalisations…
Alors qu’on ne dise pas qu’un bébé ça ne fait rien à part dormir et manger !
NON, STOP, BESOIN D’AIDE : Visage crispé et contracté, grimaces, bâillements, froncement des sourcils, regards fuyants ou au loin, regard fixe ou absent, tremblement de la lèvre inférieur, bleuissement des lèvres, pleurs, éternuement, hoquet, régurgitation, bloque sa respiration, cris, grognements, respiration et/ou rythme cardiaque accéléré et irrégulier, mouvements du corps désordonnés, agités, raides, poings serrés, agitation des membres dans tous les sens…
Ainsi d’autres manières permettent d’entrer en communication avec le tout-petit sans utilisation de mots. On pense bien-sûr au regard, mais aussi au toucher (les séances massage bébé en sont une bonne illustration) en passant par langue des signes bébé.
Les signes associés à la parole: la langue des signes bébé
Les dernières études ont prouvé que les gestes favorisent l’entrée de l’enfant dans le langage.
Typiquement, la capacité à pointer un objet est essentielle : le geste parle pour lui-même, avant l’arrivée du mot. D’ailleurs, des recherches récentes ont démontré que le pointage est un précurseur de la capacité à nommer les choses. De manière plus générale, le nombre de gestes utilisés par les tout-petits est proportionnel aux capacités lexicales futures. Ainsi, le langage a une origine gestuelle puis vocale.
Le langage ne s’acquiert pas tout seul. Parfois le jeune enfant n’est pas intéressé par la verbalisation et s’exprime par cris, gestes, onomatopées. Or, le langage est fondamental pour la construction de la personnalité. Il est donc nécessaire d’accompagner ces tentatives de communication maladroites pour donner au jeune enfant un bagage langagier.
Les signes associés à la parole, communément appelé signes bébé, permet au tout-petit d’exprimer certains besoins ou ressentiments avant l’acquisition du langage verbal.
Les avis à son sujet restent mitigés. En effet, certains psychologues et orthophonistes ont fait part à plusieurs reprises de leurs réticences. Son utilisation enlève le temps de recherche et d’interprétation nécessaire : elle empêche l’adulte de chercher plus loin ce que l’enfant veut dire et elle empêche le bébé de penser d’autres manières de dire quand il n’est pas compris. Attention donc au syndrome du : « Je suis sûr·e parce qu’il·elle signe ».
On voit également des dérives dans les structures d’accueil (où il est déjà difficile en temps normal de s’adresser directement à un seul enfant…) : « Plus besoin de dire les choses, les enfants comprennent tout de suite quand je signe ! ».
Tout le monde s’accorde à dire que si le bébé est accueilli dans un cadre où on prend le temps de l’écouter, de l’observer, alors la langue des signes n’est pas nécessaire et pourrait même compliquer la communication pour l’enfant dans le sens où elle rajoute des choses.
Alors comment trancher ? Selon moi, l’utilisation de la langue des signes bébé doit faire partie d’un tout, autour de la communication gestuelle associée à la parole. C’est un engagement important dans lequel il faut s’investir et rester constant pour permettre à son bébé d’en bénéficier de la bonne manière. Qu’en pensez-vous ? Seriez-vous intéressé par des ateliers bébé signe ?
Pour aller plus loin…
COTTENCEAU Isabelle, Instants de bébé
COTTENCEAU Isabelle, Les signes avec bébé
Mc CLURE Vimala, Le massage des bébés
ROCHEGUDE Anne-Sophie, Pour mieux comprendre bébé. Recherche et Petite Enfance