Si vous vous intéressez un peu au développement personnel et à la psychologie positive, vous avez certainement entendu parler de la Communication NonViolente (et pas communication non violente), plus couramment appelée CNV. C’est une technique que je peux utiliser lorsque j’accompagne des parents. Alors, si vous souhaitez en savoir un peu plus et comprendre pourquoi cette méthode est intéressante dans l’accompagnement des enfants, je vous invite à poursuivre la lecture de cet article.
Origines de la CNV
Marshall B. ROSENBERG, psychologue américain, est à l’origine de ce processus de communication qu’il a conceptualisé dans les années 70, pour en donner la signification suivante : « Le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d’en faire autant ».
Pour ce faire, il a été influencé par les travaux de son mentor, Carl ROGERS (psychologue américain expert es empathie) sur l’approche thérapeutique centrée sur la personne et s’est inspiré du mouvement de Gandhi, prônant la non-violence pour l’indépendance de l’Inde.
Selon lui, tous les êtres humains sont capables de se montrer bienveillants et partagent les mêmes besoins fondamentaux.
Pourtant, nous avons tous expérimentés des situations de conflit dans nos échanges avec les autres, qui semblent bien loin des relations harmonieuses et constructives auxquelles nous aspirons. Selon le psychologue, la plupart d’entre nous a été éduqué dès la naissance à la compétition, au jugement et à la rivalité. Ainsi, nous avons parfois la fâcheuse tendance à reporter la responsabilité de notre mal-être sur les autres et à exprimer nos sentiments en fonction de que l’on nous « a fait » au lieu de ce que l’on ressent. On peut comprendre que cette manière de fonctionner peut rendre les solutions difficiles à trouver en cas de clonflit !
La CNV est une manière de communiquer clairement nos sentiments, d’être authentique et de nous connecter aux autres sans causer de souffrance. Ce processus de communication a pour caractéristiques principales l’empathie, l’écoute, l’expression des besoins et la responsabilité, afin que les sentiments de chacun soient pris en compte et exprimés.
L’idée est de repenser notre façon de nous exprimer pour interagir avec les autres.
A quoi sert la Communication NonViolente?
La CNV permet de voir naître une nouvelle grille de lecture dans une situation donnée. Sans être une thérapie à proprement parler, elle permet d’aider au développement des qualités de chacun tout en favorisant le lien entre les individus. La préservation de ce lien est plus importante que le résultat obtenu lors d’un échange. Les relations avec autrui sont alors plus apaisées, autant que la relation avec soi-même, du fait d’une meilleure compréhension de ses besoins profonds. En effet, Marshall B. ROSENBERG nous rappelle une chose fondamentale : pour respecter les autres, il faut d’abord se connaître et vivre une relation apaisée et de qualité avec soi-même.
En observant ce que l’on vit et ce que vit l’autre, on peut ainsi prendre du recul, s’interroger, écouter, puis énoncer une demande claire. L’idée est de repérer, dans notre manière de penser, autant ce qui génère de la colère, que ce qui facilite les échanges harmonieux.
La CNV facilite la prise de conscience de la manière dont nous communiquons, puis à terme, permet de retrouver notre capacité naturelle d’écoute bienveillante. On développe ainsi nos capacités à clarifier ce que nous vivons et à exprimer des demandes claires.
Si la méthode est utilisée quotidiennement, elle favorise une meilleure gestion du stress et des émotions. Par voie de conséquence, on est plus autonome, responsable et la prise en charge des divers aspects de sa propre vie s’améliore.
Le nouvel état de compassion que nous permet d’acquérir la Communication NonViolente facilite de plus la résolution des conflits. On est sur un principe gagnant-gagnant : chaque individu sait qu’il peut satisfaire ses besoins propres, tout en maintenant un esprit de collaboration.
Comment pratiquer la CNV?
Selon la théorie de Marshall B. ROSENBERG, la façon dont nous exprimons nos besoins et dont nous interagissons avec les autres, reflète notre vision de nous-mêmes et nos comportements. Si nous prenons conscience de tout cela, en se rappelant sans cesse que les mots ont un sens et qu’ils peuvent blesser, la Communication NonViolente devient ainsi un outil précieux pour améliorer la qualité de la communication avec les autres et notamment avec les enfants.
Même si le jeune enfant n’a aucune notion de Communication NonViolente, le simple fait d’appliquer la méthode de manière authentique et bienveillante entraine inévitablement une meilleure harmonie dans la relation. Les enfants apprennent principalement en imitant, ils pourront alors transmettre à leur tour, l’empathie, la coopération mutuelle et le respect de soi et des autres.
La méthode se divise en 4 étapes connues sous l’acronyme OSBD : Observation / Sentiment / Besoin / Demande, permettant à chaque partie de maintenir un dialogue ouvert.
- OBSERVER : La première étape consiste à observer les faits de manière objective, c’est-à-dire sans jugement ni interprétation. Qu’est qui est dit ou fait?
- EXPRIMER SES SENTIMENTS : Vous l’avez compris, il s’agit de formuler ce que l’on ressent véritablement face à cette situation, en faisant bien attention de les différencier de nos jugements.
- EXPRIMER SON BESOIN : Cette troisième étape consiste à partager avec l’autre le besoin sous-jacent au sentiment, l’aspiration profonde, la motivation. L’objectif est de l’identifier, mais surtout d’en avoir conscience. Il peut s’agir de sécurité, d’autonomie, de considération, d’intimité etc. Ces besoins étant universels à tous les être humains, l’autre peut s’y retrouver et alors mieux vous comprendre et vous accepter. La difficulté ici est d’exprimer le besoin qui se cache derrière le sentiment, souvent l’étape la plus difficile.
- FORMULER UNE DEMANDE : C’est au moment de cette dernière étape que vous pouvez formuler une action concrète, précise et réalisable en vue de satisfaire vos besoins mais aussi ceux de votre interlocuteur. La demande permet aux deux personnes d’interagir parce que chacun est libre de s’exprimer. Pour cela, il faut bien faire la distinction entre une requête et une exigence. En effet, si vous prenez mal le fait que la personne refuse ce que vous demandez, c’est que vous n’y êtes pas encore… Je vous laisse écouter les mots de Marshall B. ROSENBERG pour mieux comprendre ce concept.
La méthode OSBD en quatre étapes s’appliquent autant à l’autre, qu’à soi-même, parce que nous avons tendance à confondre ce que nous sommes, ce que nous ressentons et les choses telles qu’elles sont.
Tourner la langue 7 fois dans sa bouche avant de parler
Je reconnais qu’il faut une certaine pratique pour arriver à l’appliquer quotidiennement, avec chacun de nos interlocuteurs, et qu’elle devienne une seconde nature pour nous. Malgré sa simplicité, vous pouvez voir que la méthode demande une certaine détermination !
Aujourd’hui les formateurs certifiés se comptent en centaines et il peut être intéressant de participer à des ateliers ou séminaires pour voir appliquer la méthode de manière concrète, avec des exemples à la clé.
Pour autant, il ne tient qu’à nous de mettre en action ces nouvelles connaissances et de tenter une nouvelle approche de communication par nous-même, sans avoir obtenu une certification quelconque. La Communication NonViolente peut s’appliquer en famille comme au travail, autant avec des inconnus qu’avec des personnes qui nous sont proches. Finalement, ça revient au classique : « Il faut tourner la langue 7 fois dans sa bouche avant de parler », non ?
Pour aller plus loin…
- ROSENBERG M. B. : Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), La Découverte (2016)
- ROSENBERG M. B. : La Communication NonViolente au quotidien, Jouvence (2017)
- ROSENBERG M. B. : Elever nos enfants avec bienveillance : L’approche de la Communication NonViolente, Jouvence (2007)
- KASHTAN I. : Etre parent avec son cœur, Jouvence (2006)
Pour les enfants :