Après le succès de la mobilisation du 28 mars 2019, le jeudi 23 mai 2019, tous ceux qui se sentent concernés par la sécurité et le bien-être des enfants confiés à des structures d’accueil seront dans la rue pour manifester leur mécontentement, mais surtout leurs craintes quand à l’avenir de l’accueil du jeune enfant en France. Educ Agency soutient le mouvement, voici pourquoi.
A l’origine du mouvement
L’alerte a été lancé par le Collectif Pas de bébé à la Consigne : un collectif d’acteurs et représentants du secteur de la petite enfance et notamment des Etablissements d’Accueil du Jeune Enfant. Ce collectif a vu le jour suite à différentes réformes gouvernementales qui ont considérablement amoindris les conditions d’accueil du jeune enfant et la considération des professionnel·le·s de la Petite Enfance ces dernières années.
Depuis, il est le porte parole des professionnel·le·s, parents et sympathisant·e·s, en colère contre les volontés des différents ministères de privilégier la quantité de places d’accueil plutôt que la qualité. Ils sont soutenus entre autres par la CFDT Interco, la CGT Services Publics, la CGT Santé Action Sociale, le SNMPMI, le SNUTER-FSU, la FNEJE, l’ANPDE etc.
Déjà mobilisé au début du printemps, le collectif ne baisse pas les bras : « Alors que le gouvernement s’était engagé à présenter son projet de réforme (ndlr : à savoir les futures ordonnances sur la simplification des normes pour faciliter le développement des modes d’accueil), aucun texte à ce jour n’a été rendu public, les inquiétudes sur les orientations de la réforme restent donc entières » écrit le collectif dans le communiqué publié sur son site.
C’est pourquoi : « Le Collectif appelle l’ensemble des parents, des professionnels de la petite enfance, des citoyens à amplifier le mouvement en manifestant partout en France le jeudi 23 mai afin de développer une offre d’accueil de qualité pour tous les jeunes enfants »
Que craint-on?
Suite à de nombreux rapports commandés par le gouvernement, tels que le Rapport du Conseil de l’Enfance du HCFEA sur la qualité des modes d’accueil, le rapport de la députée Michèle Peyron sur la PMI et le rapport de Sophie Marinopoulos sur l’éveil culturel et artistique, la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) est chargée de la rédaction d’ordonnances sur les modes d’accueil, annoncées pour juin 2019.
Début 2019, le gouvernement a diffusé un projet de dispositions faisant craindre une dégradation de la qualité d’accueil, telles que :
« – un taux d’encadrement dans les établissements collectifs (crèches…) qui risque de ne pas s’améliorer alors qu’il est parmi les moins favorables parmi les pays de l’OCDE ;
– des possibilités d’accueil en surnombre quasiment tous les jours de la semaine : un établissement de 20 places pourrait accueillir jusqu’à 24 enfants, pour 40 places jusqu’à 48 enfants et pour 60 places jusqu’à 72 enfants ;
– une augmentation de la capacité d’accueil des micro-crèches à au moins 16 enfants, au lieu de 10 aujourd’hui, alors qu’elles fonctionnent avec des dérogations importantes par rapport aux autres établissements, par exemple concernant les qualifications professionnelles ;
– une surface d’accueil par enfant dans les grandes villes de 5,5 m2 alors que tous les acteurs s’accordent sur la nécessité d’au moins 7 m2 pour assurer des conditions de jeu et de vie favorables au développement des jeunes enfants. »
Que demande-t-on?
Le collectif a partagé un projet de vingt propositions en direction du gouvernement, visant à faire adopter des mesures concrètes dans le cadre de la prochaine réforme des modes d’accueil :
« – Atteindre l’objectif d’un ratio moyen d’encadrement d’un professionnel pour cinq enfants en établissement d’accueil du jeune enfant à l’horizon 2022.
–Revenir à un ratio d’au moins 50% de professionnel·le·s les plus qualifié·e·s en EAJE, mesure qui devrait être immédiatement suivie d’un plan de formation initiale et continue permettant d’élever progressivement ce ratio.
–Limiter les possibilités d’accueil en surnombre à 110% de l’effectif en EAJE.
–Garantir une surface de 7m2 minimum par enfant sur tout le territoire.
–Conserver un effectif de 10 enfants maximum dans les micro-crèches.
–Elever globalement les niveaux de qualification de l’ensemble des professionnel·le·s des modes d’accueil individuels et collectifs, en formation initiale et formation continue diplômante et permettre à tous de bénéficier de réels parcours de promotion professionnelle.
–Instituer et financer des temps d’analyse sur les pratiques professionnelles en EAJE, en maisons d’assistantes maternelles et pour les assistant.e.s maternel.le.s exerçant à domicile.
–Aligner les restes à charge incombant aux familles, pour tous les modes d’accueil, sur la base des calculs découlant de l’application du quotient familial et généraliser le versement en tiers payant de l’aide financière CAF à toutes les familles employant un.e assistant.e maternel.le.
–Redéfinir le mode de financement des EAJE en écartant la tendance à « rentabiliser » les temps d’accueil au détriment de la qualité d’accueil. »
Tous concerné.e.s
Je vous invite tous à aller signer la pétition du collectif et informer tous les citoyen·ne·s de ce qui est en train de se jouer pour l’avenir de nos enfants.
Moins l’accueil des tout-petits sera pris en compte, moins les professionnel·le·s de la petite enfance seront considéré·e·s ; plus la sécurité, le bien-être et l’épanouissement des enfants sera mis en danger. Ce sera alors toute la chaîne de l’éducation qui sera concernée ! Alors mobilisez-vous, soutenez-nous ! Si vous ne le faîtes pas pour vous, faîtes-le pour vos (futurs) enfants.
Et vous, avez-vous manifestez le 23 mai? Dites nous dans quelle ville en commentaire.